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Chacune de mes secondes
Je vais et je viens
je vagabonde depuis la naissance du monde
Voyager ne fait pas partie de mes voeux
Par ma nature je vais et je viens comme je veux
Je vole, vogue, virevolte,
je voltige, assez souvent
Je dirais plutôt tout le temps
Puisque je suis le vent
Je croise tant de visages
Et je suis ici de passage
pour vous souffler l’histoire
De quelques unes d’entre elles
Elles m’ont souvent murmuré leurs voeux
Pour que je les transporte
aux portes de l’Eternel
C’est ainsi que leurs histoires
Me sont parvenues aux oreilles
Et que leur silence m’a parlé
Des scènes d’horreur
Qui hantent leurs sommeils
Et elles rêvent
Elles rêvent encore au cauchemar
De leurs parcours
Chacune a eu sa raison
De voir l’espoir loin de sa maison
Quelques une ont suivi ce parcours attirées
Par le parfum de l’argent
Certaines pour faire la fierté des parents
ou pour impressionner les gens
D’autres pour poursuivre ce destin
Que le mensonge leur a prédit
Ou encore pour réaliser Leurs songes
D’un prétendu paradis
Ce paradis imaginaire que leur a soufflé
La mafia vendeuse de mirages
Qui sait si bien maquiller
La laideur de ce voyage
La réalité a bien été loin d’être une beauté
Elle a été un cauchemar que seul l’espoir
Avait la force de supporter
Supporter les mots plus douloureux
Et plus déchirants que les fouets
Supporter de se voir arracher son identité,
Confisquer son humanité
Supporter les regards qui puent le mépris
et qui sur elles devenaient, en plus pervers
Supporter la puanteur de leurs propre corps
D’excréments et d’urine
qui envahissaient l’atmosphère
Et pour elles il faut aussi compter
les hémorragies menstruelles
Les besoins les plus élémentaires
c’était un luxe sur ce chemin cruel
Alors elles ont dû supporter,
Toujours et encore supporter
Parce que pour elles braver la tempête
Est la promesse d’un dîner avec l’espoir
Alors elles ont dû Supporter
Et elles ont su porter leur croix
Au nom du sacrifice et de la Foi
Elles ont supporté de voir l’horreur faire sa loi
Elles ont Supporté les Caresses amers d’inconnus
Tous les jours sans repos
Sans répit
Sans replis
Les voilà devenus Martyrs d’un délit de clandestins
Supporté de se voir forcer la porte de leur intimité
Supporté de devoir brader leur dignité contre leur volonté
De devoir offrir leurs faveurs pour avoir la faveur des passeurs
Supporter le deuil d'un enfant porté sur le dos
ou dans le ventre sans rien pouvoir
Supporter de devoir porter le poids
d’un monde issu d’un viol sans le vouloir
Et pour certaines dans ces prisons
plutôt des poulaillers pour humains
Où pour un bout de pain, il fallait en venir aux mains
Faire des combats de coq pour tuer sa faim
Où la mort subite était un privilège au quotidien
Un repas par jour,
Kumza, Kumza comme un refrain
Qu’elles répètent pour remplir le vide
De leurs estomacs pour les sentir pleins
Elles ont du vécu,
Elles ont survécu
A cette traite humaine d’une nouvelle ère
Pour laquelle elles se sont un jour portées volontaires
Elles ont certainement beaucoup perdu,
Mais elles sont des vainqueures
car elles ont surtout vaincu
Tant de tornades sur ce parcours
Tant de tornades sur ce parcours