La radio : ces voix qui nous interpellent
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« Je ne peux pas conduire sans mettre ma radio. Elle me tient compagnie lorsque j’ai des clients peu bavards et me sert parfois d’excuse pour entamer la discussion avec des clients plus engageants. Grâce à la radio, je peux suivre l’actualité et me connecter aux programmes qui me passionnent », confie Thierno, chauffeur de taxi croisé à Ngor, à Dakar.
Du poste transistor aux smartphones en passant par les téléphones cellulaires, la radio conserve une place importante dans le quotidien des sénégalais. Malgré la montée en puissance d’Internet et des médias sociaux, elle demeure un outil privilégié pour atteindre le plus grand nombre.
« La radio traite des choses qui intéressent la population et elle a l'avantage d’interagir avec nous dans les langues que nous comprenons », témoigne pour sa part M. Barry, un habitant de Medina Yero Foula dans la région de Kolda. « Elle représente un espace de liberté et renforce le sentiment d’appartenance à une zone, à une culture, en plus de contribuer à la cohésion nationale. », ajoute-t-il.
Le débat sur l’évolution, l’innovation et la connectivité de la radio est remis au goût du jour dans le cadre de la Journée Mondiale de la Radio, célébrée le 13 février. Pour le dixième anniversaire de cet événement et autour du thème « Nouveau monde, nouvelle radio », trois principaux sous-thèmes :
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Évolution
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Innovation
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Connexion
« Sans sortir de mon village, Sinthiou Guidewol dans la région de Tambacounda, j’ai participé à une émission sur Vibe radio à Dakar et j’ai partagé mon histoire migratoire à des milliers d’auditeurs à travers le pays. Pour moi, c’est important de faire connaitre mon histoire pour que d’autres femmes n’aient pas à la vivre », souligne Khady Wane, volontaire du projet Migrants comme Messagers (MaM) de l’OIM.
La radio comme outil de sensibilisation sur la migration
A l’instar de Khady, plusieurs migrants de retour, volontaires du projet MaM s’appuient sur la radio pour sensibiliser sur les dangers de la migration irrégulière et plus récemment sur les précautions à prendre face à la pandémie à Covid-19. Au Sénégal, ces activités de sensibilisation via la radio ont par exemple pris la forme d’une campagne dénommée « Migration et Covid » sur les ondes de Vibe radio. Quinze migrants de retour ont participé à ces programmes. Ils se sont adressés à leurs compères sur les défis et les dangers de la migration irrégulière.
Cette campagne a notamment bénéficié de l’implication de l’actrice Khalima Gadji. Cette dernière s’est engagée comme ambassadrice, notamment en participant à une émission sur Vibe Radio. L’émission qui a eu beaucoup de succès a également été diffusée en direct sur les réseaux sociaux.
La radio, principale source d’information en Afrique de l’Ouest
Au-delà du Sénégal, la radio s’impose comme principale source d’information en Afrique de l’Ouest, devant la télé et la presse écrite. Le directeur de la radio communautaire Kabada FM dans la région de Sédhiou, M. Aliou Ciss, explique ce phénomène par l’accès limité à l’électricité surtout dans le monde rural. « De nombreux villages dans le sud du Sénégal n’ont pas accès à l’électricité. A partir de 20h, tout le monde est scotché à son poste radio pour suivre l’actualité ou écouter son programme favori », explique-t-il.
Autre exemple d’utilisation de la radio comme outil de sensibilisation, celui des Volontaires MaM au Nigéria qui ont initié en 2018 un programme dénommé « Abroad Mata ». Ce programme diffusé sur quatre stations de radio dans les Etats du Delta et de l’Edo vise à sensibiliser sur les risques de la migration irrégulière, à informer sur les opportunités de réussite, et à promouvoir l’entreprenariat local.
Des volontaires MaM au Nigéria partagent des messages sur les mesures préventives de la Covid-19 lors d’un entretien radio au Benin City, Edo State. Photo: © OIM 2020
En Gambie, les volontaires MaM ont misé sur la sensibilisation des journalistes sur les enjeux de la migration. En mars 2020, le réseau des femmes journalistes du pays a bénéficié d’une séance de formation sur la thématique « Femmes et Migration » et en novembre 2020, les journalistes des radios communautaires ont échangé avec les migrants de retour sur la couverture médiatique de la migration. Cette collaboration a abouti à la production de feuilletons radiophoniques de sensibilisation sur la pandémie à Covid-19.
Face au contexte actuel de crise sanitaire, les volontaires du projet MaM, formés à la sensibilisation, mettent leurs compétences au profit de leurs communautés en s’impliquant activement pour la promotion des mesures de lutte contre la pandémie. En Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, les Volontaires ont réalisé des sketchs ou participé à des émissions radiophoniques pour appeler au respect des mesures barrières et déconstruire les mythes qui entourent la pandémie.
Au Sierra Leone, les migrants de retour célèbrent la Journée internationale de la jeunesse sur AIRadio © OIM 2020
A travers la radio, les migrants de retour partagent des informations fiables sur la migration. Ce medium amplifie leurs voix et leur permet d’atteindre une large audience, particulièrement dans les zones à forte migration où l'accès à l’information est limité. Derrière ces voix qui nous interpellent à la radio se cachent des jeunes, femmes et hommes qui veulent partager leur histoire.
“Migrants comme Messagers” est une campagne de sensibilisation entre pairs menée par l’OIM qui donne aux jeunes d’Afrique de l’Ouest les moyens de prendre des décisions éclairées en matière de migration. Les Volontaires sont des migrants de retour qui interviewent d’autres migrants et des membres de la communauté pour partager des témoignages vidéo sincères avec leurs amis, leur famille et les communautés plus larges via les réseaux sociaux.